Papillons : quelques espèces diurnes

Difficile ici de faire un choix de clichés des espèces de papillons « de jour » volants au-dessus de nos têtes. Frustrant même ! Mais pour ne pas charger le site de Béthisy-Nature, je vous ai seulement sélectionné cinq espèces qui ne passent pas inaperçues et facilement identifiables :

Melanargia galathea (Linnaeus, 1758) Le demi deuil ou « Echiquier »

Aricia agestis (Denis & Schiffermüller, 1775) : le Collier de corail ou Argus brun.

Vanessa atalanta (Linnaeus, 1758), le Vulcain.

Papilio machaon Linnaeus, 1758, le Machaon ou Grand Porte-Queue.

Lycaena phlaeas (Linnaeus, 1760) le Cuivré commun.

Malheureusement, leurs populations déclinent (comme beaucoup d’autres familles d’ailleurs…). Pascal Dupont, -entomologiste au Muséum d’histoire naturelle de Paris- estime que les populations de papillons ont été divisé par deux en [seulement] 50 ans. Leur protection dépend pour beaucoup de la préservation et de la gestion de leurs habitats.

Photos : L.Colindre

 

 

 

 

 

Les chauves-souris

Au niveau national, les Chauves-souris et leurs habitats sont protégés par la loi. Une cavité (la Tête de Pigau, photo ci-dessous) à Béthisy-Saint-Martin, autrefois dévolue à l’extraction des pierres permet à ces mammifères volants d’y trouver refuge pour hiberner.

Les comptages sont connus depuis plusieurs décennies et des chiffrages annuels systématiques sont assurés par le conservatoire depuis 2009. Si à cette date seulement 35 individus y séjournent, c’est à la fermeture du site en juillet 2011 que les effectifs ont atteint plus de 108 individus en moyenne  sur la période 2012-2021. La tranquillité des lieux assurent leur maintien.

Le record est atteint en 2021 avec 122 individus comptant plus d’une dizaine d’espèces différentes. Parmi elles, séjournent des raretés en Picardie :

  • le Grand Rhinolophe Rhinolophus ferrumequinum (Schreber, 1774) : effectif maxi : 6 en 2019 ;
  • le Petit Rhinolophe Rhinolophus hipposideros (Borkhausen, 1797) : effectif maxi 42 en 2019 ;
  • le Grand Murin Myotis myotis (Borkhausen, 1797) : maxi 6 en 2021 ;
  • et le très rare et menacé d’extinction dans notre région, le Murin de Bechstein Myotis bechsteinii (Kuhl, 1817) avec des effectifs aléatoires, parfois absent et jusqu’à 5 individus au maximum.

Petit Rhinolophe « enveloppé » dans ses ailes.

Toujours le Petit Rhinolophe.

Murin de Bechstein Myotis bechsteinii (Kuhl, 1817)

Parmi les habitants, l’Oreillard (Plecotus) est une chauve-souris qui porte bien son nom. Néanmoins en hibernation, les oreilles ne sont pas visibles, recouvertes par le « patagium » (la membrane de peau qui constitue l’aile).

Ci-dessus, sous la dénomination de « Complexe Murin à moustaches » se regroupe trois espèces : le Murin à moustaches (Myotis mystacinus), le Murin de Brandt (Myotis brandtii) et le Murin d’Alcathoe  (Myotis alcathoe) trop proches morphologiquement pour les différencier au premier coup d’œil.

Voilà une fois de plus notre belle et grande biodiversité communale.

Photos : L. Colindre

 

 

 

Les fourmis

Ce sont 33 espèces qui ont été recensées sur nos deux communes, c’est à dire plus de la moitié des taxons connus pour la région Hauts-de-France (60 espèces). Notre faune « myrmécologique » est donc fortement diversifiée.

Les fourmis (des Hyménoptères au même titre que les abeilles, guêpes ou bourdons par exemple), sont souvent observées par les enfants comme leurs parents avec fascination. Qui n’a pas vu ces insectes découper un insecte mort ou transporter quelques aliments tombés d’une table ?

Ces détritivores et nécrophages ont bien d’autres actions bénéfiques pour la nature : elles contrôlent le milieu face aux insectes ravageurs (devenant des insectes « auxiliaires »). Elles participent à la résilience des milieux perturbés par l’Homme (feu ou pollution par exemple), elles assurent le bon fonctionnement de la litière et active sa dégradation, elles ont une influence sur le sol (PH, aération de surface, transport des minéraux vers la surface), elles favorisent la croissance ou l’implantation des végétaux, etc.

Elles servent également de ressource trophique pour les vertébrés (oiseaux, mammifères, araignées) car leur biomasse est particulièrement importante et disponible partout.

Sur ces 33 espèces, quatre font l’objet d’études plus spécifiques car rares et l’une d’entre-elles est étonnamment installée chez nous : Aphaenogaster gibbosa (Latreille, 1798) c’est son nom : désolé pour ce patronyme latin compliqué mais il n’y a pas de « correspondance » en français (photo ci-dessous).

Cette fourmi s’est installée de manière durable puisqu’elle est signalée depuis 2014 (jusqu’en 2020 date de sa dernière observation) sur deux de nos larris. Personne n’explique à ce stade son installation ici. C’est une fourmi affine des climats chauds et qui ne dépasse pas habituellement la Loire. Alors que fait elle sous nos latitudes ? Transport humain (via un pot de fleurs ramené du Sud) ? Implantation naturelle (aucune autre observation de l’espèce en Picardie) ? Nul ne l’explique… Un véritable mystère.

Encore un nom barbare pour cette fourmi des sables : Lasius psammophilus Seifert, 1992, où cette espèce est observée à Béthisy-saint-Martin (ci-dessous).

Un monde fascinant !

Photos : L. Colindre

Pour en savoir plus :

 

Papillons : les Sésies

Voici des papillons pas comme les autres et quelque peu déconcertants : premièrement, ce sont des « Hétérocères » (= papillon de nuit) qui volent… le jour… Ensuite, ces espèces utilisent la ruse en « imitant » l’habit d’une guêpe pour échapper aux prédateurs. Ces derniers, y voyant davantage un insecte piqueur qu’un gouteux papillon ! Il s’agit d’un signal d’avertissement -et donc d’un mécanisme de défense- appelé « aposématisme ».

Autre particularité, et toujours par mimétisme, les membranes centrales des ailes ne sont pas recouvertes d’écailles comme le sont les autres espèces de papillons.

Ci-dessus, Sesia apiformis (Clerck, 1759) la Sésie apiforme (apiforme = en forme d’abeille), spécimen photographié sur le site de la Sablonnière à Béthisy St Martin.

Pennisetia hylaeiformis (Laspeyres, 1801), la Saisie du framboisier. Plus rare, elle n’a pas encore été identifiée sur nos deux communes. Un challenge…!

Pyropteron chrysidiforme (Esper, 1782), La Sésie de l’Oseille. Identifiée quelques fois sur Béthisy-St-Martin. Elle affiche la couleur rouge synonyme de « danger » pour ses prédateurs.

Les Sésies sont des papillons passant souvent inaperçus et donc globalement peu observés. Il existe d’autres espèces en Picardie. Sur nos deux communes il est possible d’en rencontrer (période privilégiée : mai/juin)… alors ouvrez l’œil ! Toutes vos observations sont précieuses et doivent être valorisées : prenez quelques photos et faite nous remonter vos identifications.

Photos : L. Colindre.

 

 

 

Reptiles

S’il en est des reptiles, ces deux là sont emblématiques de la Vallée de l’Automne. Je veux parler de la Couleuvre lisse autrement appelée « Coronelle » (Coronella austriaca Laurenti, 1768) et l’autre le Lézard vert Lacerta bilineata Daudin, 1802.

La première de ces deux espèces est une couleuvre (tout à fait inoffensive) qui fait souvent les frais d’une comparaison malheureuse avec la vipère. Il est vrai que le dessin sur la tête peut possiblement troubler le profane mais à bien y regarder, cette couleuvre est bien spécifique et facilement reconnaissable.

Brune ou grise mouchetée de brun sombre, elle mesure de 50 à 70 cm à la taille adulte. Sa présence est liée à l’abondance de lézards (Lézard des murailles le plus souvent) qui constituent l’essentiel de son alimentation. C’est pour cela qu’on la trouve souvent près des affleurements rocheux ou les lignes de chemin de fer. Sa petite tête et la faible extensibilité de ses mâchoires ne lui permettent pas la prise de grosses proies.

C’est la seule espèce ovovivipare d’Europe. Bien que présente en Picardie, elle est peu commune et semble en régression. Vulnérable et sur la liste rouge des espèce menacée en Picardie (2016), elle est protégée.

La seconde espèce ne laisse pas indifférent. Par sa taille, sa robustesse, sa rapidité et sa couleur le lézard vert étonne toujours quand on le croise. Jusqu’à 40 cm pour les plus grands. Le dimorphisme sexuel est parfois difficile. La gorge des mâles est bleue en période de reproduction mais la femelle peut également être parée de cette coloration même si elle est moins marquée que son compagnon. Deux habitus sont souvent décrits : dos portant des raies ou vert piqueté (cf. photos). Mais il existe également beaucoup de formes intermédiaires (Rollinat, 1946 ; Fretey, 1987).

Ce lézard a besoin d’une végétation buissonnante et bien exposée où il prend souvent un « bain de soleil ». Il grimpe volontiers sur les branches basses ou inclinées.

En Picardie, il atteint sa limite de répartition septentrionale. Il est plus commun dans le Sud. C’est une espèce vulnérable en Picardie (2009) et protégée.

Ci-dessus : mâle en livrée nuptiale. Notez la face ventrale jaune citron. Ci-dessous un couple dont on observe en arrière-plan une femelle avec une gorge bleue (coloration moins intense).

Au menu de ce lézard : arthropodes divers (insectes, araignées, larves), lombrics, fruits. Occasionnellement de jeunes vertébrés (micro-mammifères) et œufs.

Si au gré de vos promenades, vous croisez le chemin de ses deux reptiles, n’hésitez pas à remonter vos observations (date, lieu, nombre d’individus) auprès du conservatoire d’espaces naturels ou de les signaler en ligne sur la base participative ClicNat : https://clicnat.fr/

Photos : L. COLINDRE

 

Bibliographie :

  • Fretey J. (1987) Guide des reptiles de France, Hatier 255 pp.
  • Rollinat R. (1946) La vie des reptiles de la France centrale, cinquante années d’observations biologiques, Librairie Delagrave, 337 pp.

 

Les Orchidées : apprendre à les reconnaître

Que nos « Larris » sont beaux ! Une biodiversité exceptionnelle s’y est établie de longue date et la préserver est de notre devoir. C’est ce que font avec brio, les bénévoles de l’association Béthisy Nature. Sans eux, rien ne serait pareil. La fermeture des milieux par la sylve étouffe la flore jusqu’à la voire disparaître et, avec elle, les cortèges d’espèces animales associées. Ce serait dommageable pour notre patrimoine et nos paysages.

Notre flore vasculaire, perd tous les ans en moyenne, deux espèces en Picardie depuis plus de deux siècles d’après BOULLET, 1999. Les fleurs spécifiques héliophyles et calcicoles (telles que les orchidées) de ces espaces sont donc fragiles, parfois menacées.

Je vous propose ici de vous faire partager quelques unes de nos ambassadrices en photo (et par ordre alphabétique) afin de pouvoir plus facilement les reconnaitre sur le terrain.

Cephalanthera damasonium (Mill.) Druce, 1906, la Céphalanthère à grandes fleurs ou Helléborine blanche. Espèce affine des sous-bois frais et sombres -ou de mi-ombre- dans les ourlets forestiers.

Epipactis atrorubens (Hoffm.) Besser, 1809, l’Helléborine rouge. 15 à 50 cm. Les fleurs sentent (un peu) la vanille.

Gymnadenia conopsea (L.) R.Br., 1813, l’Orchis moucheron ou Orchis moustique. Orchidée de pleine lumière. Une variété existe : G. c. « densiflora » qui comme son nom l’indique, a une l’inflorescence plus dense.

Himantoglossum hircinum (L.) Spreng., 1826 l’Orchis bouc. Jusqu’à 1 mètre de hauteur. Facilement reconnaissable (hampes florales caractéristiques) et marquée d’une odeur forte proche de celle du bouc.

Limodorum abortivum (L.) Swartz Le Limodore avorté espèce en forte régression. Cette orchidée se nourrit grâce à une association avec des champignons au niveau des racines. Cette orchidée est protégée.

Neottia (=Listera) ovata (L.) Bluff & Fingerh., 1837, La Grande Listère. Un orchis commun.

Neottia nidus-avis (L.) Rich., 1817 La Néottie nid d’oiseau ou l’Herbe aux vers. Sa pollinisation est assurée par les insectes. La Néottie s’associe à un champignon au niveau des racines.

Ophrys apifera Huds., 1762 l’Ophrys abeille est pollinisée par des abeilles qu’elle attire par une phéromone.

 

Ophrys aranifera Huds., 1778 (synonymie =Ophrys sphegodes) l’Ophrys araignée est en limite septentrionale de son aire de répartition dans le nord de la France. Les stations de l’Ophrys araignée sont menacées par l’embroussaillement des pelouses. Cette orchidée est protégée.

 

Ophrys insectifera L., 1753 l’Ophrys mouche. Son nom provient de ses fleurs qui ressemblent à une mouche « sombre ».

Orchis militaris L., 1753 l’Orchis militaire ou Orchis casqué. Les pétales latéraux font penser à un casque pointu, d’où son nom. Elle peut s’hybrider avec l’Orchis pourpre ou l’Orchis singe.

 

Orchis purpurea Huds., 1762 l’Orchis pourpre. Souvent observée en lisière de bois.

 

Orchis simia Lam., 1779 l’Orchis singe. Sa fleur vue de près fait penser à un singe avec deux bras et deux jambes (et même une queue !).

 

Platanthera chlorantha (Custer) Rchb., 1828 l’Orchis vert ou Orchis verdâtre. Il existe une autre espèce : la platanthère à deux feuilles (Platanthera bifolia) mais les loges polliniques sont parallèles et non divergentes chez P. chlorantha. Les deux espèces peuvent s’hybrider.

Voici donc quelques représentantes des pelouses calcaires. Il existe d’autres espèces picardes, mais l’essentiel y est !

Les Orchidées ne sont pas les seules fleurs emblématiques. La Gentiane en est une autre sans oublier bien sur… Anemone pulsatilla L., 1753 l’Anémone pulsatille (ici en compagnie d’un Gonepteryx rhamni (le « Citron ») l’un des premiers papillons printanier).

Et bien d’autres encore, comme Orobanche alba Stephan ex Willd., 1800, l’Orobanche du thym (une plante parasite) à ne pas confondre avec les Orchidées mais qui n’en est pas moins importante. Il en existe plusieurs espèces.

Une belle fleure : Ornithogalum umbellatum L., 1753 l’Ornithogale en ombelle nommée poétiquement « Dame de 11 h »

Photos : L. Colindre.